Racisme anti-blanc, arrête je vais pleurer…

N’est-ce pas le comble de l’insolence ! Alors que l’islamophobie connaît une croissance exponentielle en France et en Europe, que la situation des noirs n’a pas réellement évolué depuis 40ans, que les Antilles sont ce qu’elles sont, qu’Hollande se permet des boutades douteuses sur la sécurité algérienne à l’anniversaire du CRIF,  et qu’on jette de l’acide sur des personnes au seul pretexte qu’elles sont Roms, on vient nous voir, (NOUS!), enfant d’immigrés, descendants d’indigènes, progénitures de fellagas, pour nous expliquer que NOUS serions racistes !

Oui, s’il te plaît, éduque moi !

Alors maintenant ce sont les français de souches qui nous expliquent ce qu’est le racisme, c’est une première. Je tiens à leur signifier toute ma gratitude, vraiment. J’aime cet espèce d’aval paternaliste de fait, qui voudrait que le blanc éduque noirs et arabes, sauvageons que nous sommes ! Oui merci de m’expliquer à moi ce qu’est le racisme. Il n’y a pas si longtemps vous m’expliquiez (A MOI!), les effets positifs de la colonisation ! Oui merci à vous, malgré 130ans de colonisation, malgré la torture, malgré le traitement des indigènes et le pillage du sol, vous m’expliquez que la colonisation ce n’est pas si mal car pour reprendre les mots de Casey, « si aujourd’hui on sait manger avec une fourchette et s’assoir proprement à table, c’est grâce à vous ». (cf vidéo 5’05)

Alors aujourd’hui, cette pensée qu’il faut nous éduquer est si répandue, qu’on en vient à nous expliquer notre propre ressenti. Lorsque nous nous opposons aux « souchiens » pour reprendre l’expression si controversée d’Houria Bouteldja, ça ne peut pas être parce que nous subissons le racisme latent, ou même qu’à travers le prisme de notre double culture, nous pourrions émettre des reserves sur certaines traditions, comportements ou façons de faire européennes. Non c’est parce que nous serions racistes!

Racisme de fait / racisme d’idées

Le racisme s’il n’est pas discriminatoire, en plus d’être subjectif, ne représente pas grand danger au sein d’une société. Je sais qu’il est à la mode de censurer toute pensée que l’on trouve « intolérante », mais à la vérité, si discrimination il n’y pas pas, ni dans le travail, ni dans la vie, bien heureux à chacun de penser ce qui lui plaît, je ne m’y oppose pas !

Le racisme, s’il n’est pas discriminatoire (car rigoureusement encadré par la loi), s’exprimerait à travers la violence faite aux personnes ou aux communautés, soit ! Mais lorsqu’on se penche sur le racisme anti-blanc, que remarque-t-on? Et bien il n’y a que des cas isolés, ou fictifs ! Alors un gamin se serait fait piquer son pain au chocolat à la récré nous dit Copé (cela reste à vérifier)… Doux Jésus, il faut prévenir le 36 et le grand banditisme !

Sans parler de la différence d’appréciation des affronts, mais on s’égare.

Tu tenais le fouet et tu crains la féssée :

Alors, si on prend un peu de recul, le racisme anti-blanc ce serait quoi? Il s’agirait de personnes, historiquement originaires du pays qu’elles habitent, qui se verraient discriminées ou victimes d’humiliations liées à  leur race, par des étrangers ou français d’origine étrangère. Humm… ça me rappelle quelque chose… Ah oui c’est vrai, les colonies !

Comme il est drôle de voir, lorsqu’on se penche sur ceux qui « dénoncent » cette nouvelle forme de racisme,  qu’il est généralement porté par les islamophobes qui brandissent une définition galvaudée de laïcité, pour essayer de se regrouper sous l’étendard républicain, quand celui qu’ils portent est celui du néocolonialisme. Fourest, Copé, Finkielkraut, la LICRA, tous se rangent du côté du racisme anti-blancs mais aucun ne se trouve exempt de racisme ou de favoritisme lié à la race, l’origine ou la confession.

Alors que craignent-ils, pour brandir cette théorie infondée qui voudrait se placer en colmatage de leur propre intolérance?

Le double effet Kiss Cool

D’un côté, ils peuvent à travers une certaine forme de victimisation (celle-là même qu’ils reprochaient aux minorités), se déculpabiliser de leur propre racisme, c’est audacieux me direz-vous, en effet! Mais soit, admettons, l’introspection est une discipline difficile, et il est classique qu’on se dédouane (chacun de nous), en accusant l’autre, par peur, par égo, par fainéantise.

Mais de l’autre côté cela a un effet pervers. Souvent accolé au racisme anti-blanc, on entend les mots « communautaire » « repli » « identitaire ». Cela dénote une peur mais cette peur est beaucoup moins compréhensible que celle sub-citée et qui permet de tenir les minorités dans le silence ! En effet, si racisme anti-blanc existe, alors les blancs seraient tenus au même niveau que les minorités, avec les mêmes revendications. Comment alors dénoncer un racisme que nous même pratiquerions?

A la vérité, je crois que cette peur réside dans ce que représente notre génération. Nous sommes nombreux aujourd’hui, à être issus de la 2ème ou 3ème génération d’immigrés. Nous sommes français de fait, par droit du sol et contrairement à nos parents ou grands parents, encore liés à l’Histoire coloniale, qui furent ce qu’ils purent pour rouler leur bosse sans faire de vague et tenter de s’en sortir, NOUS portons l’insolence de notre condition. Arabes ou noirs mais français de fait, nous sommes tous allés à l’école républicaine, avons jouis du système français (pas si mauvais quoi qu’on en dise) et ne voyons pas pourquoi nous aurions besoin de nous intégrer, nous venons d’ici.

Du bon et du mauvais arabe

Alors la génération qui est la notre va a l’école, elle passe son bac. Une partie entreprend des études, accède à des postes de cadres et n’a plus rien à prouver ni à justifier.  Elle n’a pas à s’intégrer, pas à s’excuser, pas à baisser les yeux. Que les arabes et les noirs soient communautaires quand ils sont ouvriers, femmes de ménages ou au chômage, quand ils parlent mal la langue ou parfois sont illettrés,  tout le monde s’en fout. Mais lorsqu’on parle d’une population éduquée, là cela devient dangereux parce que… Oh malheur ! On pourrait avoir la mauvaise idée de commencer à s’organiser pour nos droits, de déconstruire les préjugés et plus prosaïquement de lever la tête et les envoyer se faire ***

Alors le raciste anti-blanc qui est-il? C’est l’arabe qui ne rase plus les murs, qui a un Master 2 d’économie et bosse à la BNP. C’est celui qui connaît son Histoire coloniale et sait donc qu’il ne doit rien à la France, que c’est elle qui lui est redevable. C’est celui qui arrête de prendre les blagues racistes de son boss avec le sourire en se disant que « c’est le jeu ». C’est celui qui n’a plus honte de dire qu’il fait le ramadan ou qu’il part en vacances au bled. C’est celui qui répond à Finkielkraut sur le plateau de CSOJ. C’est celle qui fait LE CHOIX de porter le voile en faisant ses études de droits, qui ne veut pas être « sauvée » par Najat, Fadela, Isabelle ni même Rokhaya !

Alors oui, cet arabe fait peur, car cet arabe combat sur le même terrain avec les mêmes armes. Il est bien sûr plus commode de parler de racisme anti-blanc que d’admettre que les citoyens de secondes zones se seraient auto-proclamé citoyens. Qu’ils n’ont plus besoins de l’approbation des français de souche pour se sentir fançais et que parfois même, dans l’emballement d’un dimanche de printemps, ils mettent un bulletin dans l’urne.  

La peur a changé de camp, tremblez !

4 réponses à “Racisme anti-blanc, arrête je vais pleurer…

  1. Miaou,
    Très bon article! Merci. ❤

    En temps que Blanche-Neige, j'ai bien sur vu des ignorants se lâcher sur le thème du "racisme anti-blancs" et qui attendaient une sorte d'approbation "naturelle" de ma part. Bon.
    Sauf que ce concept, en plus de ne recouvrir aucune réalité (le racisme étant la justification du privilège blanc, il ne peut pas exister de racisme anti-blanc, c'est un non sens: il suffit de revenir aux origines de la pensée raciste pour le démontrer.) est un concept en lui-même raciste.

    En effet, comment peut-on avoir peur d'être discriminée soi-même sur la terre de ses propres ancètres sans qu'il y ait derrière cette peur l'idée que l'autre nous menace directement? Et qu'est ce qui justifie cette impression de menace? Le racisme, ni plus ni moins.

    D'ailleurs, on remarquera que les exemples d'anecdotes rapportés pour essayer de donner de la consistance au concept sont toujours des anecdotes à la con, des trucs que l'on entends dans la bouche de tout le monde et de n'importe qui, français ou pas, mais qui ne sont étiquetés "anti-france" (aussi ridicules que dans Super Dupont) que parce que la personne qui blablatte ne décerne pas le droit d'être un "vrai français" aux personnes ne partageant pas son taux de mélanine dans la peau.

    Aussi fumeux que le racisme anti-blanc, il y a l'hétérophobie.
    Mais on peut continuer loin comme ça.

    Les réacs sont une plaie.
    😦

  2. (NB: je me rends compte que je n’ai pas été claire. Quand je dis « français ou pas » je pense en particulier au mal de la France qui est dit dans les journaux US et allemands, en particulier. Si l’on cherche des gens qui critiquent vraiment la France, c’est du côté des économistes libertariens qu’il faut regarder, et ils sont tous bien blancs de peau.)

  3. Je me suis fait traiter de « sale blanc » une fois (juste une fois hein, j’en fait pas un fait de société).
    J’appelle ça comment alors, si le racisme anti-blanc n’existe pas ?

  4. Je suis tout à fait d’accord avec l’article. Mais, pour clarifier et se justifier, il semble qu’on doive de plus en plus préciser qu’on parle de racisme comme un système d’oppression, et non comme un sentiment subjectif et/ou une expérience isolée.

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